Costick Trio se fait assez rapidement une bonne réputation de groupe ayant « un son » bien personnel, et des engagements plus intéressants arrivent. Une belle programmation au festival des Rendez-vous de l’Erdre déclenchera l’opportunité d’une émission de télé régionale. Le groupe commence à élargir son rayon d’action plus loin de Nantes. Mais l’étiquette Jazz commence à se décoller.
Se débarrassant de « Trio » ainsi que de son "C" devant le "K", COSTIK se fait rattraper par sa vraie nature de rock progressif. Il faut dire que les trois musiciens jouaient déjà ensemble avant COSTIK au sein d’un groupe très rock, et la reprise
d’un invraisemblable titre composé quelques années auparavant par Nicolas et Youenn en hommage à la série télévisée « Les Envahisseurs » sur un beat disco, marquera définitivement le tournant. Juste à ce moment charnière, COSTIK participe au tremplin du festival de Jazz de Vannes dont le jury est présidé par Claude Barthélemy ; celui-ci qualifiera le groupe de « musique de papa gayo », ce à quoi Youenn rétorquera : « nous on joue du Jazz et ce n’est pas à lui d’en juger ». L’incident relevé par une journaliste vaudra un entrefilet mémorable dans la presse locale.
Parmi les concerts marquants, Costick Trio se produira à la première et la troisième édition du festival de Stick de Montreuil (en 95 et 98), manifestation organisée par Jo Ruffier, joueur de Stick, ancien des Négresses Vertes et fondateur du groupe Tarace Boulba, l’occasion pour le groupe de se montrer sur Paris et d’entrer en contact avec le cercle des pratiquants du Stick en France.
2. l'Album "3=2"
Les compos prennent forme et le style jazzifiant se mue vers une tendance electro-rock-progressive très affirmée. En février 98, Costik va bénéficier d'une résidence d'un mois à Rezé(44) dans une salle surprenante: L'Espace Diderot (bâtiment penché à la manière d'une tour de Pise). Un mois de travail pour produire 2 spectacles et enregistrer l'album "live" qui va avec. Les décors, conçus avec Roselyne Chauviré, sont à base de chauffe-eau,
tuyaux et gaines en tout genre, montés sur des praticables penchés avec la même inclinaison que le bâtiment afin de troubler l'horizon du spectateur. Les éclairages sont conduits par Gilles Barbier et Jo Rabemananjara, utilisant une multitude de petites sources lumineuses, ainsi que trois télévisions où apparaissent des boucles d’images. Le son est extrêmement travaillé, Jean-Michel Ballu crée une spatialisation avec une diffusion derrière les spectateurs et les musiciens utilisent des retours d’oreille (avec des moulages « faits maison »), ce qui permet presque d’avoir un son de studio en direct.
L'album, au nom évocateur de 3=2 (hommage à King Crimson et son disque "Three of a perfect Pair"), est une "photo" très fidèle du groupe à ce-moment -là, avec des "titres-phare" comme: WE ARE THE ROBOTS - ode à la robotique où les paroles sont des modes d'emploi d'appareils ménagers lus par des quidams. Une oeuvre en 4 parties avec un passage au Didjeridoo (joué par Youenn), et une coda apocalyptique (ce morceau sera le point de départ de la saga Chofoman) SWEET IRISH - ou la face Celtique de Costik. C'est un côté très important et il y aura tout le temps un "titre celtisant" dans les répertoires du groupe IL LES A VUS - hommage à la série TV "Les Envahisseurs". Tout cela sans oublier SCACCHITAS LUDIS, l'ouverture de l'opus,
ou encore les incursions de chant lead comme PH NEUTRE (Youyou au chant et en français), ou encore le caverneux THREE OF A PERFECT PAIR (Nico au chant). Le Nujazz est toujours présent (GANGBANG, ROHYPNOL) ainsi que quelques subtiles ballades RANDUM CONTINUO (Stick Solo), LOVE SONG (coda désespérée de l'album) ou encore la "Methenysante" EASY RIDER.
On peut dire que ce CD est une véritable orfèvrerie mixée et réalisé par Jean-Michel Ballu, l'ingénieur du son du groupe, qui donnera une esthétique sonore tout à fait unique à ce disque. L'album sort un mois avant que d'autres ne soient sacrés champions du monde (!). L'emballage est un Digipack 8 contenant une plage CD-ROM (rare pour une auto-production à l'époque).
Il restera un jalon incontournable de l'histoire du groupe.
3. Chofoman
Au cours de la résidence de Rezé, est né un personnage au milieu du decorum post apocalyptique de cette création : CHOFOMAN. Androîde mi-homme mi chauffe-eau... L’annecdote se déroule ainsi : Jo, technicien lumière, en fouillant dans le tas de tuyaux et de carcasses d’appareils récupérés pour construire le décor du spectacle, en sort un capot de chauffe-eau, qu’il se met sur le visage en poussant des cris de monstre… La
réaction de l’équipe : « C’est l’homme chauffe-eau ! C’est Chofoman ! »
Ce personnage apparaît juste à l’intérieur de la pochette du CD 3=2, mais il va devenir par la suite un véritable fil conducteur pour Costik, qui lui invente une histoire de héros pathétique qui bousille tout ce qui marchait bien avant en poussant son fameux cri Rrrrrrr !!!!
Chofoman est directement inspiré des films "nazes" de série Z, comme "Godzilla" (années 50) ou "Plan 9 from Outerspace" (notons que ce dernier a été consacré" film le plus nul de l'histoire du cinéma"). Ces films à l'ambiance "une peluche écrase des maquettes" vont donner à Costik l'envie de réaliser un court-métrage dans le but de le diffuser sur scène et d'en jouer et bruiter la bande-son en direct. L'histoire est fort simple: Chofoman bousille tout ce qui marchait bien avant et la C.O.S.T.I.K. (sorte d'organisation secrète) est chargée de lui mettre le grappin dessus, mais ces trois imbéciles s’y prennent vraiment très mal.
Ce court-métrage réalisé par Gildas Le Polles en Super 8, sera la départ d'une saga que l'on pourrait qualifier d'inépuisable : Le Chofoman Opera. Suivront "La découverte du Masque", Chofoland, Le Grand Générique, Le Main Theme et la Naissance de
Chofoman, contenant une évocation de la nativité tout à fait iconoclaste. C'est un peu entre "Brazil" et "2001 l'Odyssée de l'Espace" mais réalisé par Max Pécas ! (grand réalisateur français de "nanards").
On se dit que Chofoman est bien dangereux puisqu’il s’attaque à ce qui marchait bien, donc à notre confort, mais en fait il est en résistance contre le monde industrialisé où les machines ont pris le contrôle du quotidien. À bien y regarder, son histoire est tellement triste qu’on se dit qu’il a forcément été un enfant chauffe-eau très malheureux, on se demande même si la fée qui s’est penchée sur son berceau n’a pas tiré les ficelles de son destin à des fins personnelles, et maladroite comme elle est, tout s’est emmêlé...
4. Ze Voice
En 2006, c'est la rencontre magique d'une chanteuse... Une voix sur une musique qui n'attendait qu'elle. Le Trio devient quatuor, une métamorphose non préméditée... Auteur, compositeur et pianiste, Amandine Cachinho a une sérieuse expérience musicale. Elle devient chanteuse de Costik par le biais d'une rencontre pour la démonstration d'un système de sonorisation. Cela fonctionne tout de suite si bien que
la décision est prise : Amandine rejoint Costik.
Rapidement les nouvelles compositions arrivent. Amandine trouve là un groupe ayant une identité forte. De son côté, Costik avait bien rêvé d’une voix et voilà qu’elle tombe du ciel. Amandine apporte sa créativité et sa faculté d’adaptation à Costik. Le virage amorcé par le groupe lui permet de remporter "haut la main" le tremplin national "Le Mans Cité Chansons". L'univers d'Amandine et de ses textes viennent compléter à merveille le Chofoman Opéra. Elle donnera une dimension romanesque au personnage de Chofoman qui peut ainsi s'étirer à l'infini.
5. l'album "Ze preview"
Et voilà, Costik est de retour avec un 6 titres tout neuf tout frais sorti fin novembre 2008. Ce CD s’appelle "Ze Preview": 32 minutes de pur Costik, mixé par Jean-Mi Ballu, avec toute l’inventivité des trois inséparables, et Amandine la perle vocale dont Costik se veut l’écrin. Une pochette, bienentendu réalisée par Nicolas Boquel, mettant en scène des moulinettes électriques et des cocotes minutes dans l’espace avec Chofoman qui semble les diriger à distance...
Le 6 titres "Ze Preview" offre un aperçu des différents aspects du travail récent du groupe. Cet album s'ouvre sur le "Chofoman Main Theme", véritable gén
érique du Chofoman Opera. Ambiance Série TV, Pop'n roll, Chofocris et Voix Lead Rock sur ce theme au
final grandiose. On trouve également le délicieux "Leaving Far", titre "Amandinien" si il en est, et qui sert très souvent d'intro aux concerts, avec cette rythmique de Stéphane au groove redoutable. Vient ensuite "I'll be gone": du speed avec un texte futuriste, mais aussi avec un pont jazz "qu'on s'demande c'que ça vient faire là, mais que nous,
ça nous plait". L'autre morceau de bravoure de cet opus est le "Geronimo Lekefellec", titre de 10 minutes en 4 parties. C'est l'éternelle touche celtique de Costik, avec un Youenn qui réalise son intro au Stick ainsi que son traditionnel chorus de Didjeridoo sur la part 3 . Beaucoup d' "ambient", climats, avions, vocoder, et la voix très particulière d'Amandine qui sort spécialement de son registre pour ce morceau. Ensuite c'est le très sombre "Ceremony", qui se trouve être la toute première composition de Costik en version quatuor. Trip Hop à tous les étages ! Et c'est "Marion" qui clos le CD. Titre de pure pop progressive, c'est au départ une commande composée par Nicolas pour la musique d'un court-metrage. Costik se l'est par la suite approprié en trio, Amandine arrivant dans le groupe, elle a posé des paroles dessus, et c'est maintenant un morceau costikien incontournable.
S'en est suivi en 2009 uner ésidence importante à La Ferme du Vasaisà Saint-Jean -de Monts , qui a permis d'elaborer les bases de la scénographie du Chofoman Opera. Quelques concerts plus tard, dont la surprenante première partie de la "Chanson du Dimanche" à l'Oasis au Mans, Costik présente son Opera au Festival des Folies-Tapping dont il est l'une des têtes d'affiche (festival international consacré principalement au Chapman Stick). Beaucoup de clips extraits de ce spectacle viendront alimenter la rubrique de la "Video du Lundi", puis la rubrique Video du nouveau site concu en 2011.
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